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Ancienne mosquée Emir Zade du XV° siècle à Chalkis, la seule encore debout sur les onze que comptait la ville sous l’empire ottoman. La « capitale » de l’Eubée abrite encore des communautés juive et musulmane assez importantes.
La vieille d’Eubée
La vieille d’Eubée
Je visitais ce jour-là le nord de l’Eubée ( Evia en grec ), cette très grande île presque collée au continent au nord d’Athènes, et où le mince détroit de l’Euripe est agité de violents courants alternatifs, si mystérieux pour les Anciens qu’Aristote, paraît-il, s’en suicida de désespoir.
Je cherchais un monastère et m’arrêtai dans un village pour demander mon chemin à une vieille femme assise devant sa porte. Elle s’approcha de la voiture pour mieux m’entendre, et quand je lui demandai si je trouverais des panneaux, elle me dit en levant les yeux au ciel qu’elle ne quittait plus sa maison. Elle inspecta l’intérieur de la voiture et constata d’un air étonné qu’il n’y avait personne d’autre. Sans doute pour me consoler de ma solitude, elle se mit à me caresser l’épaule tout en me donnant ses explications.
Pardonnez-moi, internautes suisses, pour cette comparaison, mais quand j’ai voyagé dans votre beau pays, j’ai essayé plusieurs fois, en bonne méditerranéenne, d’engager la conversation avec des inconnus : on m’a regardée comme une folle. Alors se toucher, n’en parlons même pas !
Sans doute ne peut-on être à la fois propre, discipliné et chaleureux.
L’île de Papadiamantis
L’île de Papadiamantis
Skiathos, proche de la péninsule du Pélion, au sud-est de Volos, est devenue très touristique grâce à ses plages de sable, assez rares dans les îles grecques qui n’offrent souvent que des galets ou du gravier. Paradis des yachts de luxe dans ses débuts, elle s’est démocratisée peu à peu et s’est truffée de complexes hôteliers. Contrairement à Skyros et Skopélos, elle a perdu son authenticité mais offre d’intéressants monastères et de beaux paysages : le site de Kastro surtout, cet impressionnant nid d’aigle surplombant la mer. Au 14° siècle, les habitants s’y étaient réfugiés pour fuir les raids incessants des pirates, et y vivaient dans la peur et la pauvreté.
Mais Skiathos, à mes yeux, c’est avant tout l’île d’Alexandre Papadiamantis. On peut visiter sa maison natale où il vécut en partie, de façon spartiate et solitaire, entre ses deux passions : les chants religieux et la littérature. Sans doute le plus grand prosateur grec du 19° siècle, il est quasiment inconnu en France. C’est dommage car je lui dois un de mes plus grands chocs littéraires : la première œuvre grecque contemporaine que j’aie lue c’est son roman « Les petites filles et la mort » ( traduction Michel Saunier ) dont l’héroïne trouve une solution radicale au problème de la dot.
J’ai été happée par l’étrangeté et la violence du récit, au style âpre et lyrique à la fois. En visitant le site de Kastro, j’ai revu en pensée la poursuite haletante de la scène finale : la vieille Frangoyannou courant éperdument de rochers en buissons vers un ermitage perché sur une presqu’île où elle espère trouver refuge.
Mais elle est rattrapée par son destin « à mi-chemin entre la justice de Dieu et la justice des hommes.»